Blog d'Actualités 2023

Etat de santé des soignants et des personnels hospitaliers
(26/10/2023)

Une enquête Odoxa pour la Mutuelle Nationale des Hospitaliers (MNH) et Le Figaro Santé, avec le concours scientifique de la Chaire Santé de Sciences Po

Résultats

Rapport sur la santé des professionnels de santé
(09/10/2023 - Ministère de la Santé)

Lire le Rapport

Les Dr Philippe Denormandie (chirurgien et délégué général de la fondation MNH), Dr Marine Crest Guilly (médecin généraliste) et Alexis Bataille-Hembert (infirmier) ont remis ce lundi 9 octobre à Agnès Firmin le Bodo, ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, leur rapport sur la santé des professionnels de santé. Le fruit de ces travaux a vocation à être décliné dans une feuille de route spécifique qui sera rendue publique d'ici la fin de l'année.

Lancée en mars dernier, cette mission avait pour objet de dresser un état des lieux de la santé de nos professionnels de santé dans un contexte post-crise sanitaire, et de proposer des mesures concrètes visant à l'améliorer.

Pour mener leurs travaux, les trois personnalités qualifiées ont pu s'appuyer sur de nombreux entretiens et visites de terrain, ainsi que sur les résultats d'une consultation lancée par la ministre déléguée ayant recueilli près de 50 000 contributions de professionnels sur l'appréhension de leur santé et leurs attentes.

Structurées autour de six axes, les recommandations formulées dans ce rapport ont vocation à mettre en avant des solutions concrètes pour améliorer la santé des professionnels.

Axe n°1 - Intégrer le sujet de la santé des professionnels de santé comme une priorité de notre système de santé publique à tous les niveaux.

Axe n°2 - Sensibiliser et former les professionnels de santé à veiller à leur propre santé.

Axe n°3 - Prévenir les risques professionnels, en repensant l'organisation de l'offre de médecine de santé au travail et en sensibilisant l'écosystème.

Axe n°4 - Organiser pour tous les professionnels de santé un accès à une offre de prévention et de soins et dédier des actions spécifiques de prévention aux professionnelles et aux étudiants en santé.

Axe n°5 – Repenser l'architecture de l'accès à la prévention et aux soins pour les professionnels de santé.

Axe n°6 - Assurer un pilotage transversal des actions dédiées à la santé des professionnels de santé.


Ces travaux ont été présentés à la ministre déléguée ce 9 octobre dans le cadre d'un déplacement à Toulouse. La ministre déléguée a notamment pu échanger avec les équipes du Centre de prévention de l'épuisement professionnel du CHU de Toulouse, ainsi qu'avec avec les étudiants du diplôme inter-universitaire « Soigner les soignants » de l'Université Toulouse III ; deux initiatives territoriales qui s'inscrivent parfaitement dans la lignée des recommandations formulées par la mission sur la santé des professionnels de santé.

Sur la base de ces recommandations, une feuille de route pluriannuelle sur la santé des professionnels de santé sera dévoilée en décembre prochain. Cette feuille de route viendra compléter les différentes actions lancées récemment par le ministère de la Santé et de la Prévention, notamment le plan de lutte contre les violences à l'encontre des professionnels de santé et les différentes mesures liées à l'attractivité des professionnels et aux conditions de travail.

La santé des professionnels de santé est au cœur des priorités du ministère de la Santé et de la Prévention, et contribue aux enjeux d'attractivité et de fidélisation au sein de notre système de santé. Ces travaux démontrent que nous sommes attendus sur la structuration d'un plan d'action pour la santé de nos professionnels, et vous pouvez compter sur l'engagement du Gouvernement pour y parvenir, a déclaré Aurélien Rousseau.

Face à l'impact que peut avoir une mauvaise santé de nos professionnels sur leur qualité de vie mais aussi sur notre système de santé, il est important d'agir à tous les niveaux. Un professionnel de santé qui va bien est un professionnel de santé qui soigne bien ! a déclaré Agnès Firmin Le Bodo.

Plan pour la sécurité des professionnels de santé
 (Ministère de la santé - 29/09/2023)

Le plan pour la sécurité des professionnels de santé a été élaboré sur la base du rapport remis le 8 juin par le Dr Jean-Christophe Masseron, président de SOS Médecins, et Nathalie Nion, cadre supérieure de santé à l’AP-HP.

Il est issu d’une concertation avec les responsables de la sécurité des établissements, les représentants de patients, les universitaires et les professionnels de santé, initiée en début d’année.

Axes et Mesures

Près d’une infirmière hospitalière sur deux a quitté l’hôpital ou changé de métier après dix ans de carrière
(DREES - Juil. 2023)

"L’évolution de l’offre de soins infirmiers à l’hôpital dépend notamment des décisions des infirmières hospitalières de poursuivre l’exercice de leur profession et de l’évolution de leur volume de travail. Sur une période d’observation de trente ans, entre 1989 et 2019, 54 % des infirmières hospitalières le sont toujours après dix années de carrière. Cette part est
plus faible pour celles qui ont commencé à exercer à la fin des années 2000 (50 %) que pour leurs aînées entrées dans la profession au début des années 1990 (60 %).
11 % d’entre elles continuent à pratiquer en tant qu’infirmières salariées, mais dans d’autres secteurs que l’hôpital,
et 7 % exercent toujours à l’hôpital mais ont changé de métier. Les autres exercent en libéral, se tournent vers une autre profession ou sont sans emploi.
Parmi les infirmières qui ont commencé leur carrière à l’hôpital dans la seconde moitié des années 2000, 10 % sont infirmières libérales à titre exclusif dix ans plus tard et 11 % sont sans emploi.
Bien que les dix premières années de carrière coïncident souvent avec la naissance des enfants, la parentalité n’explique pas ces sorties de l’emploi salarié de la profession d’infirmière hospitalière. En revanche, devenir mère conduit à une diminution du volume de travail des infirmières salariées."


Le travail en 12h augmente les risques pour la santé mentale (août 2023)

Le troisième volet de l’étude Amadeus, lancée en printemps 2021

tend à démontrer que les infirmiers et les aides-soignants soumis à de longs horaires de travail présentent plus de risques de développer des troubles psychologiques ainsi que des conduites addictives.

"Même si certain.e.s (paramédicaux) peuvent choisir des horaires longs pour avoir plus de jours de congés, celles et ceux qui travaillent avec ces horaires subissent des charges liées au travail plus lourdes et adoptent des comportements à risque pour la santé plus graves comme mécanisme d'adaptation. (L'étude) souligne l’importance d’envisager des horaires de travail favorables à la santé pour répondre aux exigences psychologiques élevées et à l’épuisement professionnel que connaissent les paramédicaux ayant des horaires longs. La mise en œuvre de changements dans les horaires de travail pourrait potentiellement améliorer le bien-être général et la satisfaction au travail de ces professionnels de la santé."

Actualisation des recommandations et obligations vaccinales des professionnels
(HAS Juillet 2023)

coqueluche, grippe saisonnière, hépatite A, rougeole, oreillons, rubéole varicelle

RECOMMANDATIONS VACCINALES - Mis en ligne par l'HAS le 31 juil. 2023 

La HAS préconise que :

Pour la coqueluche :
Les recommandations de vaccination contre la coqueluche soient maintenues à l'identique pour les professionnels soignants dans leur ensemble, les professionnels en contact étroit et répété avec de jeunes enfants (en poste ou en formation), et les étudiants des filières médicales et paramédicales, déjà visés par une recommandation de vaccination, selon les mêmes modalités que celles mentionnées dans le calendrier vaccinal en vigueur ;(...)
Pour la grippe :
La recommandation de vaccination contre la grippe saisonnière soit à ce stade maintenue à l’identique pour les professionnels de santé et tout professionnel en contact régulier et prolongé avec des personnes à risque de grippe sévère déjà visés par une recommandation de vaccination, selon les mêmes modalités que celles mentionnées dans le calendrier vaccinal en vigueur.
La HAS insiste par ailleurs sur l’importance du respect des gestes barrières en milieu de soins, selon les recommandations du HCSP, et notamment le renforcement du port du masque chirurgical, le lavage des mains et la réduction des contacts en période épidémique, qui ont démontré leur efficacité cumulée pour rompre les chaînes de transmission, qui restent primordiales pour limiter la diffusion de la grippe, et qui sont complémentaires de la vaccination.
La HAS insiste ainsi sur la nécessité de mettre en œuvre des études de grande ampleur afin de mieux quantifier le fardeau de la grippe nosocomiale en France et encourage la mise en place d’études pilotes, notamment dans des établissements prenant en charge les personnes à risque de grippe sévère ou compliquée, afin de vérifier et de quantifier l’impact de la mise en place d’une obligation vaccinale des professionnels de santé sur le fardeau de la grippe nosocomiale.
Pour l’hépatite A :
La recommandation de vaccination contre l’hépatite A soit maintenue à l’identique pour les professionnels de santé et les professionnels en contact étroit et répété avec de jeunes enfants (en poste), déjà visés par une recommandation de vaccination, selon les mêmes modalités que celles mentionnées dans le calendrier vaccinal en vigueur.
La HAS rappelle que la prévention de la transmission de l’hépatite A passe avant tout par les règles d’hygiène (lavage des mains), et que la vaccination post-exposition a démontré son efficacité dès lors qu’elle est effectuée dans un délai maximum de 14 jours suivant l’apparition des signes cliniques du cas.
Pour la rougeole, les oreillons et la rubéole :
Une obligation d’immunisation contre la rougeole soit mise en place pour les étudiants et professionnels pour lesquels cette vaccination est actuellement recommandée.
En l’absence de disponibilité d’un vaccin rougeole non combiné, la HAS préconise ainsi que l’administration de deux doses de vaccin trivalent ROR soit rendue obligatoire en milieu professionnel pour les personnes non vaccinées et sans antécédent documenté de rougeole, qui exercent des professions de santé en formation, à l’embauche ou en poste, en priorité dans les services accueillant des patients à risque de rougeole grave (immunodéprimés), et chez les professionnels travaillant au contact des enfants (crèches et collectivités d’enfants notamment). La HAS précise que, conformément au schéma de vaccination actuellement en vigueur, les personnes nées avant 1980 doivent recevoir une dose de vaccin trivalent ROR.
La HAS rappelle les contre-indications à la vaccination ROR : grossesse (test à réaliser en cas de doute), déficit sévère de l'immunité humorale ou cellulaire et hypersensibilité aux substances actives ou à l’un des excipients. En l’absence de contre-indications, la vaccination devra être pratiquée sans contrôle sérologique préalable chez toute personne n’ayant pas de vaccination ou d’infection naturelle documentées. Néanmoins, en cas de doute sur un antécédent de vaccination ou d’infection et afin de faciliter la mise en œuvre de cette obligation vaccinale, la HAS ouvre la possibilité qu’un contrôle sérologique des IgG antirougeoleuses puisse être réalisé en amont pour établir le statut immunitaire. Les tests sérologiques à réaliser dans ce contexte seront communiqués par le CNR des virus de la rougeole, rubéole et oreillons suite aux évaluations régulières des kits disponibles sur le marché. En cas de sérologie négative ou de résultats équivoques, une vaccination devra être effectuée.

La présence des IgG antirougeoleuses témoigne d’un contact avec le virus sauvage ou d’une vaccination. Le corrélat de protection n’étant pas défini, une réinfection ne peut être exclue. La HAS rappelle en outre que les sérologies post-vaccinales ne sont pas utiles.
La HAS rappelle en outre que, lorsque la vaccination contre la rougeole n’est pas requise du fait d’antécédents documentés de rougeole par le professionnel, la vaccination ROR reste recommandée afin d’immuniser ce dernier contre la rubéole et les oreillons, selon les conditions mentionnées dans le calendrier vaccinal en vigueur.

Pour la varicelle :
La recommandation d’immunisation contre la varicelle soit maintenue à l’identique pour les professionnels de santé dans leur ensemble et les professionnels en contact étroit et répété avec de jeunes enfants (en poste ou en formation) déjà visés par une recommandation de vaccination, selon les mêmes modalités que celles mentionnées dans le calendrier vaccinal en vigueur.
La HAS rappelle en outre les préconisations formulées dans le volet 1 de ces travaux sur :
la recommandation de faire évoluer le cadre juridique actuel afin que l’obligation vaccinale des professionnels soit fondée sur des critères liés à la catégorie professionnelle et aux actes à risque susceptibles d’être réalisés,
la nécessité de promouvoir la vaccination en milieu professionnel et de renforcer le rôle des services de santé au travail et le suivi de la couverture vaccinale des étudiants et professionnels et
de vérifier leur statut vaccinal lors de l’entrée dans les études, à l’embauche et lors du suivi en santé au travail.

Rapport sur les violences à l'encontre des professionnels de santé

(Ministère de la Santé - juin 2023)

44 propositions pour des soins en sécurité.

Rapport du Docteur Jean-Christophe Masseron, président SOS Médecins France, et Madame Nathalie Nion, cadre supérieure de Santé, AP-HP.


Ce rapport a été remis au ministre de la Santé et de la Prévention et à la ministre de l’Organisation territoriale et des Professions de santé le 8 juin 2023.

Rapport

À l’hôpital, une prévalence accrue de la dépression et de l’anxiété liée aux conditions de travail 
(DREES - juin 2023)

"Au cours de l’été 2021, le personnel hospitalier déclare plus souvent que les autres personnes en emploi des symptômes de dépression et d’anxiété, et exprime davantage le besoin de consulter des professionnels de santé pour des difficultés psychologiques.

Toutefois, concernant les symptômes de dépression et d’anxiété graves, il n’est pas plus concerné que l’ensemble des personnes en emploi. La main-d’œuvre à l’hôpital se différencie de l’ensemble des personnes en emploi, notamment par ses proportions élevées de femmes et de personnes exposées à des conditions de travail difficiles. La prévalence accrue des symptômes de la dépression et de l’anxiété à l’hôpital est, pour l’essentiel, expliquée par ces deux caractéristiques. En effet, à caractéristiques personnelles égales et en contrôlant le niveau de certaines conditions de travail (intensification du travail et insécurité face au Covid-19), le fait de travailler à l’hôpital pourrait même réduire légèrement les risques sur la santé mentale.

De façon générale, à l'hôpital comme pour l'ensemble des personnes en emploi, les conditions de travail ayant le plus d’impact sur l’état de la santé mentale des travailleurs sont les difficultés à concilier sa vie personnelle et sa vie professionnelle et les incitations à repousser un arrêt maladie pour venir travailler. Dans le secteur hospitalier, les tensions avec les collègues et les supérieurs hiérarchiques, lorsqu'elles existent, ont également un effet important sur le risque de symptômes de la dépression et de l’anxiété."

Rapport intégral

Premiers résultats de la concertation nationale sur la santé des professionnels de santé et esquisse des thématiques de travail prioritaires(Ministère de la santé - 24 mai 2023)

- 63 % estiment que leur état de santé n’est pas bon (en y incluant les « très mauvais », les « mauvais » et les « assez bon ») ;
- 71 % estiment le niveau de stress lié à l’activité professionnelle supérieur à 6/10 ;
- 77 % estiment ne pas dormir suffisamment ;
- 64 % évaluent leur état de fatigue inférieur ou égal à 5/10 ;
-14 % déclarent ne pas avoir de médecin traitant ;
- Seulement 11 % des professionnels de santé y ayant accès, jugent que leur dernière consultation auprès de la médecine du travail a eu un impact positif.

Communiqué de presse

Drame au CHU de Reims (23 mai 2023)


Hôpital-Santé-Travail se joint à toute la communauté médicale et paramédicale dans le deuil qui affecte le CHU de Reims et la famille de notre collègue infirmière du service de santé au travail décédée dans ces circonstances si dramatiques et inacceptables.


Au lendemain de la double agression à l'hôpital de Reims et du dramatique décès d'une infirmière, peut-être est-il enfin temps de se pencher sérieusement, sans demi-mesure, sur la sécurité de ceux qui nous soignent et qui y dédient leur vie professionnelle. 

Voilà bien des années que l'incidence des violences hospitalières ou extrahospitalières à l'encontre des professionnels de santé* connaît une croissance insupportable sans que des mesures réellement efficaces soient prises au-delà des simples indignations et condamnations de circonstance.

Bien sûr l'agression au couteau au CHU de Reims est-elle l’œuvre d’un « déséquilibré » ; certainement que les circonstances dans lesquelles elle est intervenue auraient difficilement pu être anticipées. Bien sûr, une agression d'une telle violence et d'une telle gravité est-elle heureusement rare. Mais combien savent que les violences verbales, physiques, insultes, menaces de mort sont quotidiennes dans les services d’urgences de la part des patients et des accompagnants ? A-t-on pris conscience que cette violence quotidienne n'affecte plus seulement les services d'urgence mais a contaminé, tel un cancer métastatique, peu à peu l'ensemble des services hospitaliers (et au-delà l'ensemble des structures de soins même hors les murs de l'hôpital) ?. A-t-on conscience dans la population comme dans nos instances dirigeantes des conséquences absolument délétères de cette violence, devenue routinière, sur la santé psychique de ce qui nous soignent, sur la fidélisation des équipes soignantes, sur le nombre d’abandons du métier, sur le taux de rotation des personnels, sur la disparition de la mixité générationnelle (a-t-on remarqué la très jeune moyenne d’âge des soignants ?) et sur l’attractivité des professions de santé notamment paramédicales ? Et ce n'est pas comme si tout allait bien par ailleurs dans des métiers et des organisations qui ont considérablement évolué en 40 ans vers plus d'exigences en termes de rythme, de charge de travail (le flux tendu), d’artificialisation de l'intelligence humaine individuelle et collective, de réduction de l’autonomie et des marges de manœuvre et de fragilisation du soutien social (par l’instabilité des équipes ou la polyvalence imposée par exemple) ? Sait-on que la plupart des services hospitaliers imposent des horaires de 12 heures de travail quotidiennes (voire 12h30…) avec une pause ridicule pas toujours possible à prendre (demanderait-on à un pilote de ligne ou un conducteur d’autocar de travailler 12 heures consécutives ?) Sait-on le nombre de fois où un soignant est dérangé pendant sa pause repas pour aller répondre à diverses sollicitations ? Sait-on que dans la plupart des services d'urgences ou de soins critiques non seulement les équipes travaillent en 12 heures par jour mais de surcroît en alternance sur des horaires de jour et de nuit ? Sait-on que dans beaucoup de services quand on a pris son poste à 7 heures le matin la pause déjeuner de 20 minutes maximum est parfois (mettez le curseur entre « parfois » et « souvent »…) prise au-delà de 14h voire 15h ? A-t-on conscience du nombre de démissions d'un CDI ou du nombre de demandes de disponibilité de la fonction publique hospitalière pour revenir travailler en tant que « vacataire » afin de reprendre la main sur son planning, retrouver une forme d’autonomie perdue par ailleurs, au risque de fragiliser le collectif et générer un épouvantable cercle vicieux ? Sait-on le nombre d'arrêts de travail des soignants (paramédicaux mais aussi médicaux) pour des syndromes d'épuisement professionnel ? Sait-on que des centres de santé ou des unités de soins dédiés à la prise en charge des soignants en burn-out s’ouvrent régulièrement en France pour répondre à la dramatique « demande » ? Sait-on l’évolution inquiétante des abandons d’études chez des étudiants paramédicaux après leurs premiers stages hospitaliers ?

Comment peut-on alors feindre de s'étonner des difficultés de recrutement dans de telles conditions ? Comment peut-on alors s'étonner de la fermeture de lits ou de service (y compris d'urgences) par manque de personnels ? Alors bien sûr, dans ce contexte organisationnel si difficile au quotidien, la violence des patients et des familles, les marques d’irrespect et de défiance, les menaces de mort, les insultes racistes ou misogynes, sont non seulement absolument insupportables mais sont comme un boulet de plomb attaché aux pieds des soignants qui cherchent à surnager dans une mer en tempête.

On me rétorquera que ce sont là des évolutions sociétales qui impactent l'hôpital sans que ce dernier n’en soit responsable.

Dont acte.

Cependant… Sait-on que la sécurité des soins est une obsession, légitime, qui fait travailler un nombre considérable de personnes, de compétences et de groupes de travail au sein de la Haute Autorité de Santé ? Sait-on le coût pour la collectivité de cette démarche de progrès et d'évaluations continus dans la sécurité des soins ? Sait-on que la sécurité des soins impose, légitimement, un nombre considérable d’heures de travail aux personnels hospitaliers ? Oui, mais, en corollaire, quelle est le nombre d'heures de travail consacrées à améliorer la sécurité des soignants ? Quel est le montant en regard des financements propres à assurer la sécurité des personnels ? À quel moment la Haute Autorité de Santé considère-t-elle dans ses travaux et préconisations la sécurité des soignants comme aussi importantes que celle des patients ? Et je ne parle pas ici des critères sur la « qualité de vie au travail » édictés dans les manuels de certification qui ne sont que le supplément d’âme (et parent pauvre) des processus de normalisation des soins.

Depuis la T2A, les patients sont devenus des clients ; et tout le monde sait que le client est roi… à ce titre il a beaucoup de droits (qu'il sait rappeler à l’envi) ; il a aussi des devoirs mais on est souvent beaucoup moins exigeant envers ses devoirs qu'envers ses droits. Et cela n'est plus possible. Pas dans notre monde devenu si violent et irrespectueux. Pas si cela se fait au détriment des soignants qui ne sont pas entrés dans le métier pour se faire régulièrement traité.e de « grosse p.te » ou « s.l.pe » qu’on ira « violer » ou « égorger » (parfois les deux…) à la sortie de l’hôpital pour reprendre des termes fleuris maintes fois entendus. J’oublie la photo du soignant prise avec le téléphone pour bien se remémorer le visage ou le diffuser sur les réseaux sociaux… C'est déjà insupportable quand de telles insultes sont adressées à des forces de l'ordre ; imaginez le retentissement sur une jeune infirmière de 23 ans qui a pu rêver de ce métier pour son humanisme du quotidien en acceptant de vouer sa carrière à l’apaisement des affres de la maladie et des souffrances d’autrui ?

Alors oui, il n'y a pas de solution miracle. Il n'y a pas de « Y a qu’à », « Faut qu’on ». Mais de grâce, que la sécurité des soignants et des professionnels de santé au sens large, soit une priorité nationale et une exigence imposée aux établissements de santé par les autorités de tutelle, exigence au moins aussi importante que celle portée à la sécurité de soins. Car malheureusement l’insécurité croissante des soignants face à la montée de la violence produira d’autres drames, et pas seulement de la part de « déséquilibrés ».

Dr. Marc CHARDON Médecin du travail Hôpital Saint Joseph Saint Luc – LYON

*Par « professionnels de santé » ou « soignants » j’inclus toutes les professions 




Observatoire de la sécurité des médecins : une augmentation de la violence (CNOM - 23 mai 2023) 

Pour la vingtième année consécutive, le Conseil national de l’Ordre des médecins, en partenariat avec Ipsos, publie un observatoire sur la sécurité des médecins. Cette diffusion coïncide cette année avec les faits tragiques du CHU de Reims , où une infirmière, décédée de l’agression, et une secrétaire médicale ont été violemment attaquées , nous invitant expressément une fois encore à élargir le débat sur la protection de l’ensemble de la communauté des soignants.

L’enquête citée recueille les déclarations d’incidents et d’agressions signalées par les médecins auprès de leurs conseils départementaux de l’Ordre. Le recensement de l’année 2022 met en exergue une forte augmentation des violences, de + 23% depuis l’année 2021, fait inédit depuis la naissance de cet Observatoire.

Intégralité des résultats

Près de 6 infirmières sur 10 envisageraient de quitter leur profession ! (19 mai 2023)

La dernière étude réalisée par l’IFOP pour Charlotte K, le collectif d’infirmières qui aide les IDE à réussir à évoluer professionnellement, jette un pavé dans la mare en révélant que 64% des infirmiers sont insatisfaits de leur situation professionnelle actuelle (vs 26% pour l’ensemble des salariés français).

Enquête IFOP


Sinistralité AT/MP dans la FPH (données 2021 - CNRACL)

Mission « Santé des Soignants – Innovons et agissons ensemble » (31 mars 2023)

La ministre déléguée en charge de l’Organisation territoriale et des Professions de santé engage le déploiement d’une stratégie visant à préserver et à améliorer la santé des professionnels de santé

Communiqué de Presse

Dossier "Les Hôpitaux et les Cliniques" dans la revue "TRAVAIL & SÉCURITÉ" (mars 2023)

Les exosquelettes s’invitent dans les blanchisseries hospitalières (mars 2023)

Rapport sur la qualité de vie des étudiants en santé

Le rapport conjoint de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) sur la qualité de vie des étudiants en santé (QVES), publié ce jour, identifie des initiatives nationales, régionales et locales contribuant à améliorer la qualité de vie des étudiants des différentes filières médicales et paramédicales.

La mission a constaté les difficultés d’étudiants dans toutes les filières de santé, génératrices de risques psychosociaux, compromettant parfois gravement la réussite de leur parcours. Malgré la mobilisation importante des acteurs universitaires et hospitaliers, étudiants, encadrants ou enseignants n’ont souvent pas connaissance des interlocuteurs pouvant les aider, les accompagner, leur proposer des solutions.

Le rapport et ses livrables


L’exposition à de nombreuses contraintes liées aux conditions de travail demeure, en 2019, nettement plus marquée dans le secteur hospitalier qu’ailleurs  (nov. 2021)

 Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees)

Publication (DREES)


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